Voyage à Ischia
Départ lundi 17 avril 2006 (Pâques)
Retour le 22 avril 2006 de Naples
Premier jour
Louis avait prévu de prendre le RER B de Denfert-Rochereau à 7h48. Nous sommes partis de Balizy avec la Polo que nous avons garée à l'IAP (un petit chien blanc nous attendait gentiment; pas même un aboiement). Dans le RER nous avons rencontré Eric, un congressiste. A l'aéroport Charles de Gaulle il y avait beaucoup de monde (période de vacances scolaires). Nous nous sommes fait enregistrer - j'ai cédé ma place Affaires car je souhaitais rester avec Louis. Nous avons pris un café dans le salon ; avons croisé François.
Départ à l'heure. Durée du vol 1h55.
Un temps maussade nous accueillit à Naples. Nous avons pris un bus pour nous rendre au port. La circulation était très dense en ce jour férié. Concert de klaxon, immeubles vétustes, vêtements pendus comme il se doit aux fenêtres. Il était déjà 13 heures quand le bus s'est arrêté sur la place Municipio. Nous avons déjeuné avant de prendre le bateau ; pizza napolitaine bien sûr (une Primavera, succulente !).
Louis a pris les billets du bateau. Départ à 13h55. Durée de la traversée 1h25,ce qui est long, mais j'appréhendais d'avoir le mal de mer. Petite pluie fine tout le long du trajet. La traversée n'en finissait plus d'autant que l'ambiance était bruyante (familles, groupes de jeunes et de moins jeunes). La mer était calme dans le golfe de Naples, et nous contemplions la longue côte avant d'arriver à la première île de Procida.
Enfin, l'île d'Ischia nous est apparue au loin dans la grisaille.
Débarquement avec beaucoup d'émotion à l'idée de fouler le sol natal de maman qui m'avait écrit un maximum d'indications de mémoire. J'avais la mission d'établir le contact et de retrouver des membres de sa famille, notamment Pietro le frère de mémé et Amalia sa femme.
Petite pluie fine, et beaucoup de monde - bandes de jeunes, surtout. Un micro taxi nous a pris en route jusqu'à l'hôtel "Continentale Terme"- très luxueux, de nombreuses chambres, plusieurs piscines, des plantes magnifiques (citronniers, strelitzia), un vrai paradis.
Notre chambre 516 (cinque cento seidici) était située près de la piscine principale. Une chambre trop petite au goût de Luigi un tantinet déçu, sans rapport avec le prix.
Après une pause bien méritée, il était temps de faire un repérage des lieux sans perdre de temps. Le cœur battant, nous avons arpenté la grande rue Mazzella jusqu'à la zone piétonne (via Roma). Là nous avons questionné quelques commerçants. Je cherchais le magasin de Francesca Milazzo. Son magasin se situait vers le château, près d'une pharmacie.
C'est là que nous l'avons trouvé. Quand j'ai vu Francesca devant le magasin mon coeur battait la chamade. J'ai su que c'était elle et c'est avec un italien approximatif que je me suis adressée à elle. J'étais vraiment très émue et elle aussi je crois. Franceschina est la cousine la plus proche de maman. Elle nous a fait entrer à l'intérieur.
Je lui ai montré les photos de notre famille et de la sienne que Louis avait imprimées. Son mari est décédé il y a 2 ans. Elle a sorti des photos de son tiroir et nous avons discuté un peu, toujours en italien. J'étais contente, je comprenais assez bien ce qu'elle me disait ; nous avons pris une photo ensemble. Nous l'avons quittée en l'embrassant très fort et avons emprunté la route qui montait à droite du magasin vers San Michele.
Louis avait repéré l'adresse de la quincaillerie de Giovanni, le fils de Pietro. Après une longue côte, nous sommes arrivés à via Cartaromana où se situe le cimetière.
Enfin, nous avons aperçu la quincaillerie de Giovanni 16 via Acquadotto. Un voisin, intrigué nous a confirmé que personne ne travaillait ce jour et que Pietro et Amalia devaient être en train se reposer. Nous n'avons pas osé les déranger en ce jour férié, nous promettant de revenir.
Nous sommes repartis vers l'hôtel sous une petite bruine tenace (étonnant de pouvoir guérir de rhumatismes avec ce climat humide…).
Petite halte à l'hôtel et dîner chez Ciro dans la zone piétonne. Spaghettis alle vongole bien sûr ! et bonne bouteille de vin du pays.
Nous sommes rentrés à l'hôtel, exténués par le voyage - le train, l'avion, le bateau, la longue marche de deux heures et toutes ces émotions.
Deuxième jour
C'est le jour ou je devais contacter Liana, la fille de Giovanni. J'avais beaucoup d'appréhension et doutait beaucoup de pouvoir m'exprimer correctement en italien au téléphone de surcroît. Je me faisais des scénarios dans ma tête, me répétais des phrases, notais du vocabulaire le plus usuel et le plus courant.
Depuis notre arrivée Louis s'interrogeait sur la prise en charge ou non des repas, surtout des dîners. Nous avons pris le petit déjeuner à l'hôtel ; il était compris dans le montant du séjour.
Programme de la matinée (car Louis commençait le séminaire l'après-midi) : promenade vers le château Castello Aragonese. J'ai pris une photo en repassant du magasin de Franceschina Milazzo. Le temps était radieux.
éance de photos sur la digue. On a l'impression, de loin, que le Château est posé sur l'eau. Nous sommes revenus par un chemin le long de la côte. Là nous avons découvert la fameuse Spiaggia Pescatori que maman avait décrite, la petite église Santo Guiseppe. J'avais le cœur gros à l'idée qu'elle avait marché par ici il y a si longtemps… Vers 11 heures nous avons pris un coca à l'ombre et avons discuté pour organiser une rencontre avec Liana dans la semaine. De retour à l'hôtel avant midi, heure du repas (je savais qu'elle travaillait), j'ai composé son numéro de portable (telefonino). J'ai entendu une voix claire et posée et je fus rassurée immédiatement car elle me comprenait malgré mes maladresses. Il fut convenu qu'elle viendrait nous chercher jeudi à 18h30 à l'hôtel pour passer la soirée ensemble. Ouf ! ma mission s'accomplissait petit à petit.
Louis commence le séminaire à 14 heures. Après le déjeuner pris dans le restaurant de l'hôtel me voici écrivant ses quelques mots dans mon carnet de voyages pour ne pas oublier les moments très intenses de cette belle aventure.
Je vais profiter du soleil et d'une des nombreuses piscines de l'hôtel.
Anecdote
Après mon bain de soleil, j'avais prévu de prendre une douche quand le téléphone sonne. C'était Méryll qui tentait vainement de joindre Louis à la conférence téléphonique qu'il avait organisée dans une salle (Tifeo). Je me suis débrouillée pour la trouver et pour prévenir Louis. Finalement Méryll avait pu joindre entre temps Louis sur son portable (la conférence téléphonique n'a jamais pu se faire…). Un peu de stress dans ce paradis !
J'ai retrouvé mon petit Lou et vers 18h30 et nous sommes partis avec trois de ses acolytes à la recherche d'un bon resto. Nous avons trouvé un restaurant en bord de mer.
Le temps tournait à l'orage (temporale). Un vent assez fort nous obligea à rentrer à l'intérieur pour nous abriter. Le dîner fut fort sympathique avec Bill (américain), René (hollandais) et Julian (britannique).
Troisième jour
J'ai la journée pour moi. Louis fait sa présentation à 9h30. Il a le trac mais je sais que tout va bien se passer pour lui. Il me quitte vers 8h45 après le petit déjeuner.
Aujourd'hui j'ai décidé de faire la promenade vers le château en sens inverse en passant le long de la côte. Je pars vers 9h15. Soleil radieux, température idéale, un vrai bonheur m'envahit.
Je profite pour prendre des photos des maisons situées le long de la plage dei Pescatori que maman va probablement reconnaître car elles paraissent anciennes.
Je trouve la petite église San Guiseppe della croce et prends quelques clichés à l'intérieur. Je fais une petite prière symbolique et continue ma promenade.
Je passe devant l'église - plus grande - de Santo Antonio en haut d'une côte. A ma gauche le château est resplendissant dans la clarté du matin. La mer est un peu agitée sous le vent. Je respire le bon air marin de cette île qui me devient de plus en plus familière et pour laquelle moi aussi j'aurai des souvenirs.
Je me rends dans les petites rues marchandes et flâne jusqu'à la digue.
J'ai déjeuné avec Louis à 13 heures. Petite sieste. Louis reprenait à 16 heures. Nous avons donc profité ensemble de la piscine tropicale. J'ai poursuivi mon bain de soleil principale jusqu'à 17 heures. Douche et shampoing pour être présentable demain. Pliage des vêtements. J'avais tout mon temps. Louis m'a rejointe à 19h30.
Nous avons dîner près de l'hôtel chez Gaetano où l'ambiance était à son comble (c'est toujours comme ça chez Gaetano je crois). Le serveur était très sympathique (pour nous faire patienter il nous a même proposé les frites des voisins d'à côté !).
Ken un américain s'est installé à notre table et nous avons conversé agréablement à bâtons rompus (il parle très bien le français) autour d'un plat de pâtes succulentes. Encore des " spaghetti alle vongole ", je n'y résiste pas !
Quatrième jour
Je profite de la matinée pour me promener vers Ischia Porte. Louis sera libre cet après midi.
J'ai quitté l'hôtel à 9 heures et suis rentrée les bras chargés de petits cadeaux souvenir (un T-shirt pour moi, une casquette pour papa, des objets déco pour maman - un torchon, tablier - un calendrier 2007, et des citrons bien sûr).
A 11 heures j'étais de retour à l'hôtel. Par chance, j'ai trouvé Luigi à la pause café.
Anecdote
Reno l'organisateur du congrès avait entendu dire " qu'une jeune femme parlant italien " avait souhaité bénéficier d'un second sac du séminaire. Louis m'a dit qu'on m'en avait gardé un rien que pour moi (couleur beige). Je suis vraiment très contente de cette gentille attention.
Nous avons déjeuné une seconde fois chez Ciro (pizzas) après avoir pris les horaires de retour à l'embarcadère pour le lendemain (eh oui déjà).
Le temps qui n'était vraiment pas clément jusque là s'était bien amélioré en début d'après-midi. Après avoir pris une glace, Louis à proposé la visite du château. Nous sommes montés en ascenseur. De là-haut, vue imprenable sur Ischia et sur la mer. Un enchantement pour les yeux.
Nous nous perdions presque entre les terrasses minuscules et les escaliers dérobés. Jardin verdoyant surplombant la mer. Il y avait même des vignes.
Nous sommes descendus à pieds. La fatigue commençait à se faire sentir et une pause était nécessaire pour être en forme le soir car nous allions rencontrer Liana.
Elle est passée vous prendre à l'hôtel à 18h30 au volant de son 4X4. J'étais un peu tendue mais la communication s'est tout de suite établie entre nous. Bisous comme si on se connaissait de longue date.
Nous avons fait un tour en voiture ; Liana nous a montré une maison rose au-dessus d'une pharmacie où Mémé avait vécu. Puis nous sommes arrivés à la quincaillerie où Giovanni, son père, fils de Pietro et frère de Mémé nous attendait. Ce fut un moment chargé d'émotion quand Liana nous a fait monter l'escalier menant à la porte d'entrée de chez Pietro et Amalia ses grands-parents. C'est Amalia qui nous a accueilli. Elle parlait en patois (Ischitana) et Liana traduisait ses paroles au fur et à mesure que le dialogue s'instaurait tant bien que mal car j'avais du mal à comprendre. Pietro était au champ et nous est apparu. Petit bonhomme formidable aux yeux pétillants et heureux de nous rencontrer.
J'ai montré les photos que j'avais amenées avec moi et Amalia a sorti sur la table (chauffée par en-dessous) toutes les photos de la famille Mazzella pour illustrer ses propos. Elle nous les a commentées une à une et m'a offert celle de mon grand-père Antonio (avec ma marraine Antonietta).
Il était temps de nous quitter, leur promettant de revenir peut-être avec Franceschina nommée affectueusement " Chichina ", regrettant qu'elle n'ait pu revenir après toutes ces années.
Ces moments sont à présent gravés dans ma mémoire.
Giovanni est resté sur son lieu de travail qu'il quitte souvent tard le soir - jusqu'à 22 heures.
Liana, toujours aussi attentionnée nous a fait faire un tour en voiture à travers la campagne ; nous montra notamment une maison, la dernière où vécut maman avant son départ en Algérie. Puis nous sommes allés à Cartaromana où Mémé adorait se rendre. (photo avec vue sur le château). Le soir tombait déjà.
Liana nous proposa de se rendre chez elle boire quelque chose. La maison est assez difficile d'accès (nous avons compris pourquoi elle avait un 4X4). De là-haut on pouvait voir l'enseigne lumineuse de notre hôtel.
Nous avons fait la connaissance de sa mère Pina qui nous offrit de la panetone et la discussion s'est engagée autour de la famille, du mariage de sa première fille deux ans auparavant et du mariage en préparation de Liana (le 27 mai).
La soirée s'achevait avec un petit pincement au cœur. Liana nous déposa à l'hôtel Continentale Terme. Nous avons promis en nous embrassant plusieurs fois d'envoyer les photos par Internet. Une belle page en vérité que cette rencontre familiale ! Un beau retour aux sources, inoubliable.
Louis et moi étions complètement "abrutis" par tant de vocabulaire à trouver, tant de manières de se faire comprendre, trop d'italien ! Nous avions beaucoup discuté et nous sommes arrivés à nous faire comprendre malgré notre italien approximatif. Cela fait 30 ans, depuis mon bac, que je n'avais pas vraiment parlé cette langue et je ne regrette pas de l'avoir étudiée finalement.
Nous avons déjeuné vers 21 heures chez Gaetano (pain à la tomate, plat de poisson fraîchement pêché et bonne bouteille de vin du pays). C'était la dernière soirée puisque nous partions le lendemain pour Naples.
Cinquième jour
Nous avons quitté Ischia à 10 heures avec le cœur gros. Je voyais au loin le château s'éloigner et l'île disparaître. Ciao Ischia bella !
A Naples, c'était l'effervescence. La circulation, les coups de klaxon intempestifs me sortaient de mes rêves et des images de la veille. Beaucoup de bruits, de stress. Nous avons pris notre chambre dans un hôtel situé en zone piétonne (via Chiaia). Par chance, elle était prête et nous avons déposé nos valises à 12 heures.
Déjeuner pizza, visite du musée et tour dans la ville exubérante et sale.
Anecdotes et fin du voyage
De retour à l'hôtel nous avons voulu profiter de la baignoire à remous (sans succès). La chasse d'eau s'est coincée… Nous nous transformons en Mister et Misses Bean pour un moment.
Au dîner le restaurant (encore un Ciro) a été envahi d'américains bruyants (probablement des personnalités car des gardes du corps nous observaient comme des ennemis potentiels). Des voitures de luxe se garaient tour à tour dans la rue, bloquant la circulation). Bref cela devenait insupportable et très déplaisant. Louis fut excédé ; nous sommes descendus au rez-de-chaussée après une bonne dispute entre nous (que j'ai beaucoup regretté évidemment).
Ciao Napoli. Le lendemain matin nous avons pris le bus pour l'aéroport contents de partir de cette ville " bazar " trop stressante pour nous.
Ici s'achève ma belle aventure à Ischia Verde, île natale de maman. Ce qui était jusqu'alors un rêve en noir et blanc s'était transformé en une superbe image en couleurs éclatantes.
Je comprends à présent beaucoup de choses ; je me rapproche encore plus de Franceschina ma chère maman qui je l'espère aura la chance et le courage d'y retourner un jour pour y retrouver ses racines. Je me devais peut-être de faire le chemin pour elle...