Bavière

15 juillet 1996...

Les vacances, ou congés annuels ou jours de congés... Voici un an à peine, et nous revoici sur les routes à destination d’un lieu de vacances.

Je revois l’autoroute du Sud, les aires de repos où l’on se restaure sur le pouce, les “halte-pipi” et le pare-brise maculé d’insectes kamikazes.

L’autoroute A6 n’a pas changé jusqu’à Dijon. Puis direction l’A36 vers Belfort. Enfin ! le territoire de Belfort et son magnifique Lion taillé dans le grès rose, trônant sur la ville. Pas de photos mais des cartes postales faisant foi de notre passage, et pour le souvenir.

Mulhouse enfin. Il est question de passer une nuit dans cette ville alsacienne où le dîner s’est avéré, disons, pantagruélique malgré les hésitations quant au menu qui devait être...léger.

Mais je pense que ce qui nous a ouvert l’appétit, c’est cette visite au Musée de l’Automobile. Ce superbe musée, peuplé d’autos magnifiques et rutilantes était immense. De grandes allées contournaient les pièces en exposition qui jadis faisaient la gloire de leurs concepteurs et des vedettes de l’époque (voir photos des célébrités admirant une...Panhard).

Je ne parle pas de la chaleur ! Celle-ci nous a surpris pensant que le mercure n’atteindrait plus les 20C°. Nos bagages et nos biscotos s’en rappelleront ! Demain tee-shirts à manches courtes et eau minérale à profusion car l’Allemagne nous attend digne de son climat redoutable pendant l’été (dixit Louis ou Ludwig pour les intimes).

Ah oui ! J’oubliais ! Pendant le dîner quelqu’un se tourna vers moi pour se plaindre du service trop long : “Est-ce vraiment un restaurant, ici ?!” dit-il, impatient. Sur ce je rétorquais ironiquement : “Non, c’est une salle d’attente !”. Hilarité générale pour tous. C’est bon pour les abdos !!

...J’avais oublié ce que signifie dormir en ville - j’ai eu un peu de mal à m’endormir à cause du bruit ambiant (voisinage, bruit de la rue etc...).

Je me réveillais en douceur vers les 8 heures, assez reposée. Un bon café, du pain, de la Vache qui Rit, et nous reprenions la route en direction de l’Allemagne. La circulation était fluide et nous atteignîmes allègrement les 185 km/h

Il fallut passer en Suisse, et cette fois avec une allure de limace qui ne dépassa pas les 120 km/h car les automobilistes sont très disciplinés dans cette contrée. Pas de machisme à la française.

Encore une frontière à passer, et nous fîmes un petit trajet en Autriche (Bregens) où un douanier nous somma d’acheter sur le champ un “F”. Nous nous exécutâmes. J’aime pas les “F”, c’est moche !

Après quelques kilomètres nous étions de nouveau en Allemagne. Louis commençait à ressentir les affres de la faim. Nous nous restaurâmes dans un boui-boui près de la route de montagne. Au menu : du pain, de la saucisse style saucisson, du lard fumé et deux types de fromage - bière, eau minérale. Un ticket de parking nous avait autorisé à stationner dans cet endroit fort sympathique. Une petite marche pour nous dégourdir les jambes et hop ! nous voilà repartis !

Maintenant, nous sommes à Pfronten, petit village pittoresque au creux de la montagne à une douzaine de kilomètres de Vils où se cachent non loin les châteaux tant renommés. Chesa Bader : c’est le nom de notre joli hôtel “garni”. La chambre est en fait un petit appartement avec terrasse donnant sur la montagne (vue magnifique). C’est très confortable et très typique. La chambre est très jolie, meublée d’un grand lit et deux couettes qui m’ont l’air très douillettes. Eh oui, le temps a beaucoup changé depuis hier, et les couettes ne seront pas de refus.

Demain, nous envisageons une belle promenade autour du village. J’espère que le temps s’arrangera, sinon nous irons visiter les châteaux de Louis II...

Nous revenons d’une superbe randonnée de 6 heures de marche. Le soleil était au rendez-vous, ainsi que de nombreux randonneurs. J’avais repéré le premier jour de notre arrivée, tout en haut de la montagne, des ruines perchées dominant la vallée. C’est là que nous avons égaré nos pas. En effet, Ludwig II voulait ériger un de ses châteaux dans cet endroit. Le projet ne fut pas réalisé et il ne resta que des ruines...

La journée fut des plus agréable. Nous avons passé plusieurs fois la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche, un record !

Aujourd’hui, jeudi. Nous décidons de partir plus tôt dans la matinée afin de faire la visite des châteaux de Bavière. Le temps est splendide, le fond de l’air est frais.

Neuschwanstein. La montée vers le premier château fut assez rude. Plusieurs centaines de mètres de dénivelé pour atteindre l’un des plus beaux châteaux construits par Louis II de Bavière. Un château digne de sa folie... De nombreux groupes de touristes étaient là, notamment des japonais bruyants et fumant.

Après avoir acheté quelques cartes postales et pris quelques photos en haut d’un pont suspendu, nous redescendîmes pour nous restaurer à l’ombre d’un parasol.

Linderhof. C’est le deuxième château que nous visitons à quelques bons kilomètres de Neuschwanstein. La route était superbe et la montagne offrait des dégradés de vert magnifiques. Tantôt, celle-ci s’offrait à nos yeux, éclatante, lisse tantôt sombre et mystérieuse. Quelquefois, nous apercevions quelques coulées de neige brillantes au soleil, incrustées dans la roche grise.

Je ressentais une ivresse comme dans les rêves, au bord des précipices.

Le deuxième château s’offrit à nous. C’est la grotte construite par Ludwig II qui me fit le plus d’effet. Cet homme devait être extrêmement malheureux. Faire construire une grotte pour pouvoir échapper au monde. Créer son propre monde pour espérer vivre à peu près normalement loin des regards curieux... Je revois sa barque sur l’eau en forme de cygne, les jeux de lumière et la musique de Wagner...

Fatigués mais heureux de tant de beauté, nous repartîmes en direction de Pfronten. Une bonne nuit, la dernière malheureusement, et nous prîmes la route en direction de Berg.

Nous sommes allés sur les bords du lac où l’on retrouva jadis le corps de Ludwig II. Une croix s’érigeait hors de l’eau. Pathétique !

Munich. Me voici devant...un litre de bière ! Je me trouve dans un endroit très bruyant, avec un orchestre qui entonne quelques airs. C’est le Hofbräuhaus où la bière coule à flots. Toutes les tranches d’âges sont représentées. J’ai dégusté, pour accompagner la bière, un bretzel eu une Weisswurst (saucisse blanche). L’ambiance est chaude et l’alcool commence à faire son effet. Je n’ai encore bu qu’un dixième de la chope. Ambiance “oumpapa” comme il se doit! Certains hommes arborent le costume bavarois vert. Difficile de s’empêcher de battre la musique.

...Nous avons décidé de rester dans ce temple de la bière et avons commandé un plat chacun. Pour moi de sera un “camembert amélioré” (très nourrissant), et pour Louis un demi jarret de porc grillé accompagné de chou frais. Après une pause, les musiciens reprennent la musique qui fait le délire des japonais. Un couple accompagné de leur fils - des Sud-africains - sont venus s’asseoir à côté de nous. Les chants se font entendre à tue-tête. On sert des chopes entières de bière ruisselante. La fête bat son plein. C’est la joie d’être ensemble, de boire, de manger, de rire et d’écouter cette musique tonitruante !

Parsifal à l’Opéra de Munich fera partie des meilleurs souvenirs dans ma mémoire. Ce fut une représentation magnifique.

Le rideau se leva à 17 heures précises. L’acte I nous mit tout de suite dans l’atmosphère wagnérienne. Nous étions bien placés - 19ème rang - derrière une bonne rangée de japonaises.

Après 1 h 40 de musique environ, l’entracte d’une heure nous permis de nous restaurer (petits canapés fins accompagnés de mini sandwichs).

L’acte II repris. L’ambiance était dense, les chanteurs à la voix chaude nous envoûtaient et nous nous laissions bercer par les leitmotivs langoureux et puissants de Wagner.

Un deuxième entracte de 30 minutes nous tira de notre rêverie. Toutes ces dames portaient de superbes toilettes. Les décolletés ravissaient le regard des messieurs. Petites pâtisseries, champagne, et le troisième acte s’annonça grandiose, pathétique.

De longs frissons parcouraient mon dos. J’étais heureuse de tant de belle musique. Le public applaudit les musiciens, les chanteurs et le chef, dignes de notre attention qui dura 4 heures !

Enfin, l’opéra s’acheva après 22 h 30. Nous nous rendîmes à pied à l’hôtel avec dans la tête tous ces merveilleux moments. De beaux rêves me bercèrent jusqu’au lendemain.

Journée visite : le zoo et le Deutchesmuseum. La journée s’annonçait belle, ensoleillée. Nous sommes partis de l’hôtel après un bon petit déjeuner sur les coups de 10 h 15. Nous entreprîmes de prendre le métro qui nous déposa, après une petite erreur de direction, à la station qui menait au zoo.

Il fallait voir toutes ces poussettes d’enfants qui allaient dans la direction du fameux zoo ! Ca promettait ! Ce qui nous menait dans ce fameux zoo, il faut bien l’expliquer, c’est cette histoire de jeu : Gabriel Knight. Il fut déterminant dans le choix de nos vacances, d’ailleurs. Donc, il fallait voir les loups qui habitaient ce zoo car cet animal joue un rôle prépondérant, dans le jeu bien entendu.

...Tous les animaux ou presque y sont passés et nous envisageâmes ensuite de visiter le musée. Vers 17 h 15, notre but fut de retourner au “oumpapa” boire un dernier litre de bière, des bretzels, une Weisswurst, et d’applaudir une ultime fois l’orchestre tonitruant et sympathique du premier soir. La boucle était bouclée...

Le lendemain nous quittâmes Munich, la Marienplatz, le Glockenspiel, le coeur un peu serré car notre séjour fut des plus heureux.
Nous prîmes l’autoroute, non sans mal car la sortie de Munich était très encombrée. Notre destination sur la carte, un minuscule village, Tiefenbach, pour retrouver Hélène et Andreas qui nous attendaient avec impatience.

Ce village est situé au creux des collines jonchées de vignes tout autour. Un petit ruisseau longe la maison des Behrens qui nous accueillirent chaleureusement avec une coupe de champagne. Le temps était magnifique et nous envisagions de passer deux jours en leur aimable compagnie.

...Nous fîmes un petit pèlerinage avec Hélène à Langen à quelques kilomètres de Frankfurt où Louis passa sa petite enfance. C’est Hélène qui nous guida à travers la ville et les nombreuses ruelles. C’est là qui se déroulèrent les événements intenses de leurs vies...

Hélène retrouva son ancienne demeure où vivent maintenant ses anciennes belle-soeur et belle-mère gardées par deux énormes et imposants chiens (puants de surcroît).

Ce fut un moment très “choquant” de voir ces deux vieilles dames dans cette maison - la piscine, jadis superbe est à présent envahie par une colonie de grenouilles qui ont très facilement élu domicile dans l’eau glauque et répugnante du bassin.

Notre soirée se passa à Frankfurt dans un restaurant typique de la ville où nous dégustâmes des spécialités de la région Handkäse mit Musik).

...Le lendemain devait être le jour de notre départ. Nous ramenions Hélène à Tiefenbach. Andreas nous attendait, un peu anxieux, car les séparations entre eux ne sont pas très fréquentes. Les retrouvailles furent très touchantes...

Après un dernier café, nous prîmes l’autoroute en direction de la France, en nous promettant de se revoir bientôt...

Le voyage du retour se fit sans encombre. Sur les coups de 13 heures, nous décidions de nous restaurer une dernière fois “à l’allemande”, et bientôt nous atteignîmes la frontière française. C’est en fin d’après-midi que nous arrivâmes à la maison. Une partie de nos vacances s’était écoulée, et nous fredonnions avec nostalgie les leitmotivs de Wagner, détendus et heureux d’avoir profité de notre séjour dans cette contrée chaleureuse et conviviale.